Fernando Alonso est-il has been ?

Après vous avoir donné mon sentiment sur le come-back réussi de Michael Schumacher, voici mon avis sur un autre immense champion, ô combien respectable, Fernando Alonso. A l’heure où la Formule 1 compte deux hommes (très) forts, en l’occurrence Lewis Hamilton et Sebastian Vettel qui défient tous les deux les lois des statistiques et de la précocité, faut-il déjà ranger l’Ibère dans la catégorie des champions du passé ? A seulement 29 ans, mais après 10 ans de présence dans la catégorie reine et déjà quatre saisons sans titre, Fernando Alonso serait-il devenu un has been ?

Le titre de cet article est volontairement provocateur parce qu’en réalité Fernando Alonso va certainement encore remporter de nombreux succès et peut-être même un titre ou deux de plus. Toutefois, force est de constater que celui qui a mis fin à l’hégémonie de Michael Schumacher au milieu des années 2000 se trouve désormais confronté à deux adversaires hors-normes qui lui volent désormais la vedette.

Une saison rouge en demie-teinte

Cinq victoires et une place honorifique de vice-champion du monde : sur le papier, la première saison chez Ferrari de Fernando Alonso a tout d’un succès. Sauf que, dans les faits, l’Espagnol a soufflé le chaud et le froid tout au long de l’année. Comment ne pas se souvenir du formidable creux de performance de la Scuderia en milieu de saison et son si sombre Grand Prix de Grande-Bretagne (Alonso 14ème, Massa 15ème, soit le pire résultat de Ferrari en course depuis… 30 ans) ? Une saison en dents de scie donc, avec quelques bourdes mais aussi, heureusement, des weeks-ends fastes comme à Monza ou à Singapour.

N’oublions pas non plus que sur les cinq victoires qu’il a glanées cette saison, trois lui ont été offertes sur un plateau : Barheïn (Sebastian Vettel est victime d’une perte de puissance alors qu’il était largement en tête de la course), l’Allemagne (la fameuse consigne donnée à Felipe Massa) et la Corée du Sud (encore Sebastian Vettel, victime cette-fois d’une casse moteur alors qu’il avait course quasi-gagnée). Loin de moi l’idée de lui retirer tout son mérite, mais il est évident que le résultat final de Fernando Alonso cette saison est extrêmement flatteur eu égard à ses performances réelles sur la piste. Signalons ainsi qu’il n’a mené « que » 124 tours cette année, contre 382 à Sebastian Vettel. Donc s’il a su insuffler un vent nouveau chez Ferrari et pousser l’équipe en avant, il peut encore faire beaucoup mieux.

Une relation stable ?

Son véritable succès cette année, Fernando Alonso l’a principalement acquis en coulisses. Il s’est ainsi affirmé d’entrée comme un leader, fort, pour son équipe. Non seulement il a eu la peau de Massa mais il s’est également souvent confronté voire substitué à sa direction au sein même de son équipe. Vinrent ensuite les déclarations d’amour de l’été, du style « je suis là pour 10 ans », « je finirai ma carrière chez Ferrari », etc. Seulement c’est oublier un peu vite que l’Espagnol est un caractériel et que l’étincelle peut à tout moment prendre feu entre les deux parties. Comment par exemple oublier l’épisode McLaren, qui lui collera toujours à la peau ? Et quand on se souvient avec quel tact Ferrari a remercié ses deux derniers champions du monde (dont Kimi Räikkönen pourtant sacré champion du monde, lui, dès sa première saison chez les rouges), on se dit que la vie n’aura rien d’un long fleuve tranquille du côté de Maranello… Les Italiens ne lui pardonneront en effet pas longtemps de ne pas ramener le titre à la maison.

Les jeunes aux dents longues

Face à Ferrari et Fernando Alonso se dressent, pour longtemps, au moins deux obstacles de taille : Lewis Hamilton et Sebastian Vettel. Ces deux pilotes on deux points communs purement statistiques : ils ont tous les deux été sacrés champions du monde à 23 ans et ils jouent le titres quasiment tous les ans depuis leurs débuts en F1. Dans le cas de Lewis Hamilton c’est carrément exceptionnel : il a joué trois fois le titre lors dans la toute dernière course de la saison en quatre saisons de présence en Formule 1 ! Fort d’un titre en 2008, il pourrait donc théoriquement en avoir déjà trois dans sa besace (comme… aucun !). Quant à Sebastian Vettel, en trois saisons complètes il a déjà joué le titre à deux reprises. On lui pardonne volontiers de n’avoir pas été en lice en 2008, au volant de sa Toro Rosso qu’il a tout de même réussi à imposer à Monza, le bougre ! Forts d’un statut bien établi l’un chez McLaren l’autre chez Red Bull, l’avenir proche semble leur appartenir.

Bon alors faut-il pour autant condamner Fernando Alonso à jouer désormais les seconds couteaux ? Évidemment non. Si Fernando Alonso n’est plus aujourd’hui LA référence, il demeure bien évidemment l’une des têtes d’affiches essentielles du championnat du monde de Formule 1 et un sérieux prétendant à la couronne cette année encore. Simplement, plus encore qu’avant, il doit composer avec une génération plus jeune et peut-être encore plus forte que la précédente. A lui de s’accrocher et de ne pas se faire déborder dans les années à venir en termes de performances, de palmarès et de notoriété. La pression est plus que jamais sur ses épaules.

Has been non, mais plus tout à fait roi du monde non plus…

Photo : Ferrari

David Bénard

Journaliste vie numérique et mobilité, j'ai la tête à Indianapolis, le coeur à Nantes et le reste en Île-de-France...